La légende du Sacré de Birmanie
Nulle origine n’est plus controversée que celle du Sacré de Birmanie. La légende mille fois transformée aborde avec féérie l’histoire de ce magnifique chat. Mais son histoire est toute autre.
LA LEGENDE
Il y’a des siècles et des siècles, dans les hautes montagnes du Tibet, là où la neige lutte avec le soleil, là où les fleurs s’épanouissent en une journée, exhalant leurs parfums enivrants, s’élevait le temple des temples : le temple de LAO-TSUN.
Pierre par pierre, avec dévotion et prières, il avait été élevé sur les indications du Dieu SON-HYO par la Déesse TSUN-KYAN-TSE. D’or et de lumière, il brillait entre tous et le soleil du soir irisait en partant le Saint des Saints, la Chambre Céleste, lieu suprême où se tenait TSUN-KYAN-TSE. Elle était belle, parfaite, douce et protectrice. Son visage était entièrement recouvert d’or et ses yeux du saphir de plus pur.
SON-HYO l’aimait, et, pour cela lui avait envoyé son gardien le plus fidèle, MUN-HA, accompagné par cent chats blancs, aussi purs que la neige de la plus haute montagne et dont les yeux de topaze reflétaient le soleil.
MUN-HA était vieux, il avait beaucoup prié, c’était un Sage. Il était aimé et respecté des autres prêtres et vivait en adoration perpétuelle pour TSUN-KYAN-TSE.
SON-HYO l’avait accompagné de Sinh : un chat blanc éclatant, à la fourrure de soie si douce qu’elle paraissait irréelle. Les prêtres disaient qu’il était le don du Dieu à MUN-HA et que sa caresse était celle de SON-HYO.
Un soir, une horde de têts, ces pillards du nord, firent irruption dans ce temple où tout n’était que douceur. Les prêtres étaient tout amour, ils n’avaient pas d’armes et ne savaient lutter. MUN-HA s’agenouilla vers la Déesse pour l’implorer. Alors qu’il se prosternait, il fût tué et s’affaissa la face contre terre, les mains tendues vers la statue.
Il se fît un grand silence, les prêtres atterrés n’osaient bouger. Seul, Sinh, posa avec délicatesse ses pattes sur le crâne buriné de son maître, s’assit et regarda intensément la Déesse, comme pour continuer la prière de MUN-HA.
Au fur et à mesure qu’il fixait TSUN-KYAN-TSE, sa robe blanche se fît dorée comme l’ambre, sa tête, ses oreilles, sa queue et ses pattes devinrent couleur de terre. Seule, la partie de ses pattes qui touchait le vieux prêtre resta blanche en signe de pureté. Ses yeux devinrent aussi bleus que ceux de la Déesse.
Il se retourna alors lentement vers les prêtres médusés, les regarda fixement un à un, puis ne détacha plus ses yeux de la porte du temple. Ceux-ci comprirent que l’ordre leur était donné de chasser les pillards.
La lutte fût chaude et dura sept jours pendant lesquels Sinh, refusant toute nourriture, fixait toujours la porte sud.
Le septième jour, Sinh apaisé, mourût emportant l’âme de MUN-HA à SON-HYO, vers Boudha. Les prêtres qui restaient, malgré leur douleur, durent se résoudre à choisir un nouveau chef. Alors qu’ils étaient assemblés autour de la Déesse, sans pouvoir se
décider, les portes de la Chambre Céleste s’ouvrirent tout d’un coup, laissant passer les chats.
Les prêtres écarquillèrent les yeux de stupeur, plus aucun n’était blanc, ils étaient tous devenus d’ambre et de saphir comme Sinh. Ils entourèrent LIOA, qui devînt le nouveau chef de LAO-TSUN.
Les prêtres comptèrent alors leurs chats et s’aperçurent qu’il y avait autant de chats que de prêtres. Ils comprirent alors que chaque chat devait porter une de leur âme et les pattes blanches, symbole de pureté, étaient le signe de SON-HYO et qu’il fallait le mériter. Au XiXème siècle, le temple fût de nouveau attaqué et ne dût d’être sauvé que grâce à deux français. Les prêtres offrirent alors à leurs sauveurs le cadeau sacré, qui, depuis SINH, était le gage suprême envers les personnages de haut rang. Un couple de chat sacré de LAO-TSUN.
Ceux-ci arrivèrent en France et sont à l’origine des chats sacrés de Birmanie.
On dit depuis, qu’un éleveur de Birmans voit son âme dans son chat. Il est sa conscience vigile, et que pour cela il en prend grand soin.
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